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Un jour les kalachnikovs lanceront des fleurs.
15 janvier 2008

Faut qu'on parle.

                              « Anaïs, assieds-toi, faut qu’on parle. » Ca commençait toujours comme ça. Comme si parler pouvait arranger les choses. La solution miracle. Tu parles. Mais ils avaient l’air d’y tenir, à leur solution miracle. Alors j’obéissais en soupirant. Et j’attendais encore et toujours la semonce qui se cognait contre les murs de la cuisine, et n’allait pas tarder à tomber.

J’aurais pu choisir de détester mes parents. Pour ce qu’ils étaient, pour ce qu’ils avaient fait il y a dix-huit ans. Me créer, moi, être instable incapable de communiquer. Me transmettre leurs yeux, et par la même occasion leurs défauts. Je hais le monde, le monde me hait. Ce genre de conneries adolescentes.

A vrai dire, je ne les détestais pas, au contraire. Ils étaient mignons, avec leurs défauts tellement latents, l’inconscience de leur imperfection. Evidemment, comme tout le monde, ils vous diront que personne n’est parfait. Mais n’accepteront jamais d’avoir tord.

Mes parents, je les aime. Tout d’abord parce que ce sont mes parents. Bah oui, dit comme ça, ça paraît con. Mais vu le nombre de fois où ma mère m’a dit que je ne pouvais pas dire « ça » de mon père pour la simple et bonne raison qu’il est mon géniteur, ça à l’air de compter. Ensuite, parce qu’ils m’aiment. Oui, ça compte aussi. J’ai grandi dans un environnement que l’on pourrait qualifier de sain. Une maison, à la campagne, des parents bio gauchistes. Le rêve. Et rien que pour ça, je crois qu’ils méritent ce qui fait que plus tard, à l’hospice, je viendrais les voir de temps en temps : l’amour filial. Enfin, parce que malgré mes efforts désespérés pour ne pas leur ressembler, les gènes ont bien fait leur travail. Il paraît que j’ai les qualités de ma mère, et les défauts de mon père. A traduire par : je suis une grande optimiste très sympa. Mais très grognon, et un peu égocentrique sur les bords. 

Tout ça pour dire, je ne les détestais pas. Ils avaient juste le don de m’énerver de temps en temps, avec leurs manies et leurs phrases toutes faites. Mais bon, c’étaient mes parents, et ils ressemblaient à beaucoup d’autres parents. Alors évitons le stéréotype du « si j’avais pu choisir, je vous aurais pas choisi », parce qu’avec des si, on aurait mis Paris en bouteille. Après tout, on choisit pas ses parents, on choisit pas sa famille, ni les trottoirs d’Alger ou d’ailleurs pour apprendre à marcher. Etre né quelque part, blablabla.

Bon, revenons en à la cuisine. J’étais assise, ou plutôt affalée sur ma chaise, et j’attendais que la sentence tombe. Qu’est ce que j’ai bien pu faire encore… ?

« On va se séparer »

Oh, merde.

PS: Ceci est une fiction plus ou moins réelle, mais c'était il y a des années. Merci à ceux qui se sont inquiétés, mais non, ça va.

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